"Ce serait bien que les médecins prennent le
temps d'expliquer la vaccination et son intérêt aux patients"
"Ce
serait mieux qu'on les rende obligatoire, comme ça, pas de discussion
possible"
Sujet
d'actualité brûlant en cet été 2017 : la vaccination.
Même si
historiquement, la vaccination est un peu arrivée en forme de coup de poker de
la part de Pasteur et consorts, son intérêt scientifique n'est plus à
démontrer.
Si on raisonne
en termes de santé publique (si on regarde à l'échelle de la population française
toute entière), la vaccination protège de maladies graves et potentiellement
mortelles au prix d'effets indésirables exceptionnels.
On appelle
cela la "balance bénéfices-risques". Imaginez les vielles balances
d'antan, comme celle que porte à bout de bras la justice. Mettez du poids très
lourd sur le plateau des bénéfices et quelques grammes sur le plateau des
risques : il faut donc vacciner.
Si vous êtes le
parent d'un enfant qui va être confronté aux quelques grammes de risques, vous
allez forcément trouver que les vaccins sont à bannir. Tout est une question
d'angle de vue et de prisme. On ne peut raisonner pour une population entière à
partir de quelques cas isolés, quels qu'ils soient, et même s'ils sont graves.
Un airbag peut
se déclencher inopinément et blesser un passager d'une voiture. C'est rarissime
mais ça peut arriver. Posez la question aux passagers de voitures accidentées
sauvés par l'airbag, ils vous diront qu'ils sont indispensables.
Posez la
question aux familles de conducteurs que l'airbag aurait pu sauver et ils vous
diront "si seulement..."
Posez la
question à celui qui aura été blessé par le déclenchement inopiné d'un airbag
et il vous dira que c'est la pire invention du siècle.
Question de
point de vue.
"Est-ce
qu'on a vraiment tout fait quand on a fait de son mieux ? Qu'est-ce qu'il
restera de tout ça dans un siècle ou deux ?" (Je laisse, Michel Fugain)
On peut
essayer de "faire de la pédagogie" c'est-à-dire expliquer aux
patients les pour, les contre, pourquoi la vaccination est importante, que le
but n'est pas de vacciner contre toutes les maladies pour lesquelles existe un
vaccin mais bien contre celles qui sont les plus présentes et les plus
dangereuses. Il faut un peu de temps, bien entendu un peu d'argent aussi pour
financer cela. Mais ce serait bien, non ?
Ou on peut
faire mieux : pour sauver le soldat France, obliger à la vaccination "mais
avec pédagogie". Je n'ai personnellement pas compris ce que cela pouvait
bien vouloir dire. Bien sûr que ce serait mieux si toute la population était
vaccinée ! Nous sauverions de nombreuses vies chaque année, éviterions certains
drames dans des familles frappées par des maladies évitables. Ce serait mieux.
Mais quel est le prix à payer pour le mieux ? J'ai peur que cette mesure autoritaire
ne soit vécue par certains comme une atteinte à la liberté de choix et ne
renforce la peur et la méfiance. Alors que, bien souvent, en discutant avec son
généraliste, on arrive à la décision de vacciner en prenant le temps
d'expliquer sereinement.
"Parfois
on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi. Parfois on
les regarde telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas" (Il
y a, Vanessa Paradis)
Dans la vie de
tous les jours, nombreux sont les exemples. Vous réalisez une recette de
cuisine. Elle n'est pas mal. Mais vous vous dites qu'elle serait mieux avec un
peu plus de ci ou un peu moins de ça... et en fait c'est pire.
Vous
travaillez sur un document informatique et vous voulez refaire une mise en page
pour qu'elle soit mieux. Et là, rajouter un espace déstructure tout votre
document et vous passez 3 heures à changer un détail que vous seul aviez vu...
parce que cela allait être mieux.
"Non,
je ne veux pas aller mieux. A quoi ça sert d'aller mieux ?" (Non, non, non
(écouter Barbara), Camélia Jordana)
Parfois vous
avez des amis qui ont une petite baisse de moral et vous essayez de les aider
en leur donnant des conseils. Vous leur dites ce que vous pensez être le mieux
pour eux, là où ils ont juste envie de se sentir bien.
En prodiguant
vos conseils, vous devenez celui ou celle qui n'a rien compris et provoquez la
colère de celui/celle que vous pensiez soutenir.
"Lucie,
Lucie c'est moi, je sais, il y a des soirs comme ça où tout s'écroule autour de
nous, sans trop savoir pourquoi. Toujours regarder devant soi sans jamais
baisser les bras... je sais, c'est pas le remède à tout, mais faut se forcer
parfois" (Lucie, Pascal Obispo)
Nous avons
toutes et tous une connaissance ou quelqu'un dans l'entourage qui souffre de
dépression. Combien de fois ces personnes ont dû entendre "c'est dans la
tête" ou "allez, sois positif, dis-toi que ça va aller et ça
ira".
Une patiente
me le disait ce matin même "on me dit de me regarder dans la glace le
matin et de dire que ça ira pour que cela aille... comme si c'était si facile".
Etre là pour
des proches qui ne vont pas bien, les écouter c'est bien.
On aimerait
les aider, les accompagner, les soutenir, pour qu'ils aillent mieux. En pensant
faire pour le mieux, ne fait-on pas pire ?
Le mieux reste
sans doute l'ennemi du bien.
Et petit à
petit, chacun se forge son expérience et arrête de chercher à faire le mieux,
par peur d'un retour de bâton. Mais à force de ne plus vouloir faire mieux,
fait-on quand même bien ?
A force de ne
plus vouloir viser les étoiles, finit on par ne regarder que le plancher des
vaches ?
Ne plus faire
mieux pour ne faire que bien, est-ce faire mal ?
"Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens de bien" (Edmund
Burke)
Ne cherchez pas, ce n'est pas tiré d'une chanson.
J'aurais aimé en trouver une qui dise à peu près la même chose. Mais je n'ai
pas trouvé. Ca aurait pourtant été mieux pour ce billet...
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