dimanche 30 août 2015

C'est combien ?

"Combien de temps, combien de temps, si l'on restait face à face sans un mot sans une gomme qui efface ?" (Combien de temps, Stefan Eicher)

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui faisait une amitié ?
La durée de l'amitié ?
Mais comme l'œuf et la poule, comment sait-on au début de cette amitié qu'elle va durer ? Comment peut-on être sûr de miser sur le bon cheval ?
Il y a un mode d'emploi secret qu'il faudrait connaître ?
Parce que, de mon côté, j'ai des amis que je connais depuis des décennies. J'ai encore passé la soirée avec deux d'entre eux et ai toujours pris autant de plaisir à partager un moment de rires et de discussions. 

Donc il n'est pas possible de devenir ami avec quelqu'un de "nouveau" parce que, par définition, on ne le connaît que depuis trop peu de temps ?

Nous en discutions Mme Calaf' et moi récemment. Sur ce point nous sommes assez différents elle et moi. Nous discutons souvent. Sans doute parce que nous avons été amis plus de quatre ans avant d'être ensemble (oui je sais, je suis du genre rapide et pas timide du tout...)
J'avoue être dans le "feeling" : je jauge les gens au départ (ce qui me vaut l'étiquette d'un gars pas forcément très causant à la première rencontre) je me fais une idée, une première impression. J'ai la chance de me tromper assez peu. Je peux donc devenir ami avec des (presque) parfaits inconnus, à condition que mon "alarme bidale" comme dirait @Jaddo ne se mette pas à sonner l'alerte.  

Mme Calaf' fonctionne différemment : elle est ouverte aux autres, se fait facilement de nouvelles connaissances, mais il faudra gagner des galons pour devenir ami durable. 

Au final, nous avons tous deux des amis. Mais un ami c'est quoi ?

"Si vous me demandez mon nom, faites gaffe à la suite des choses, je vais m'offrir au grand complet et sûrement pas à petites doses" (Mon nom, Lynda Lemay)

Bon. C'est un de mes (très) gros défauts. Je suis un passionné. Je m'enflamme vite. Sans doute trop. Cela a pu me jouer et me jouera sûrement encore des tours. 
Après ce moment où j'ai jaugé et que l'alarme n'a pas retenti, j'accorde mon amitié sans restriction. 
Sans restriction... Et même un peu collant finalement... J'envoie des messages, des SMS, des tweets, des mails, pour parler de tout, de rien, pour prendre des nouvelles ou finalement pour parler d'une chose que j'ai faite et qui me plait. 
Mais attention, je suis du genre à protéger mes amis. Les ennemis de mes amis sont mes ennemis...

"It's not what I didn't feel, it's what I didn't show" (Misery, Maroon 5)

Cela ne m'empêche pas de rester un homme secret et qui se livre finalement assez peu en termes de sentiments.
Le masque de façade en protection. Mais mes amis me connaissent. Ils imaginent sans peine ce qui se cache derrière le masque. 
Mes "vrais amis" j'ai eu envie d'écrire. Mais donc cela voudrait dire qu'il en existe de faux ?
Les amis sont justement ceux qui peuvent vous accepter tels que vous êtes à mon avis. 
Genre quand vous êtes râleur, bougon, parfois cinglant, ironique ou peu bavard (ouais, je vends du rêve là, non ?). 

Donc ceux qui restent après de nombreuses années sont ceux qui ont eu assez de courage ?
Mais le courage ils l'avaient dès le départ du coup ?
Alors un ami c'est celui qui nous connaît dès le début, tel que nous sommes, qui nous accepte tel quel et aura le courage de nous supporter ?

Et bien dites-moi... Ça réduit le champs des possibles !
Mais des amitiés naissent aussi de manière inattendue... Le hasard qui fait bien les choses ?
Comment le hasard pourrait être suffisamment malin pour rassembler tous les ingrédients qui feront une vraie amitié concentrés au sein de nombreuses personnes différentes qui de surcroît se retrouveraient à croiser notre chemin ? (Je sais c'est une vision nombriliste et égocentrique de la vie mais il est près d'une heure et demie du matin à l'heure où j'écris ce billet, on va mettre ça sur le compte de la fatigue). 

"Tu es de ma famille, de mon ordre et de mon rang, celle que j'ai choisie, celle que je ressens dans cette armée de simples gens" (Famille, Jean-Jacques Goldman)

Oui parce que les amis, pour le coup on les choisit. Personne ne nous les impose. On peut nous imposer des connaissances mais pas des amis. 

Mais on choisit comment ?
Parce que certains sont devenus amis après de longues discussions. 
Mais d'autres après des discussions de 140 caractères. Pourtant ce sont aussi de vrais amis, avec qui je partage et partagerai encore beaucoup. Ils sont amis parce que j'ai décidé de les suivre ? Parce que nous parlons depuis longtemps ? Ou parce que nous avons des visions de la vie similaires ?

Alors que penser de ceux qui sont aussi des amis, alors que nous échangeons depuis peu de temps ? Il y a un âge à partir duquel on ne se fait plus de nouveaux amis ? Une date limite de péremption au-delà de laquelle on est trop vieux pour créer une nouvelle amitié ?

Par exemple, je me suis récemment inscrit à une salle de sport. Mes "vieux" amis vont sans doute éclater de rire rien qu'en lisant cela et en m'imaginant soulever de la fonte sur des appareils de musculation. Pourtant j'y vais. Et j'ai envie de continuer. (Non cette partie du billet de blog n'est pas influencée par l'heure tardive). 
Malgré une première séance où j'étais tel une poule devant un crayon : "qu'est-ce que c'est que toutes ces machines... Et ça marche comment ces machins là ??", j'ai continué. 
J'ai continué aussi parce qu'un homme a dû avoir pitié de moi lors de cette première séance et est venu me voir en m'expliquant comment tout utiliser et surtout quoi faire pendant une séance. 
Une séance d'une heure pour jauger quelqu'un c'est court. Puis j'ai pas eu le loisir de montrer mon sale caractère en un temps aussi restreint (j'étais trop occupé à évacuer grosso modo 3 litres de transpiration...). 

Depuis, lui et moi avons discuté un peu. Je l'ai recroisé à d'autres séances. Il m'a montré d'autres appareils. On a sympathisé. À la maison je parle de lui en l'appelant "le coach". 
Mon alarme ne s'est pas déclenchée. Je le considère comme un ami alors qu'on se connaît depuis quelques semaines à peine. Puis en plus, il a l'air de supporter toutes mes questions, même les plus bêtes (faut dire qu'en matière de sport, un de mes associés pourra témoigner que je ne connais pas grand chose...)
Nous sommes amis, même si les lendemains de séances, j'aurais tendance à le maudire proportionnellement au moins autant que mes courbatures. 

Bon... Mais alors, l'amitié c'est quoi ?? La durée ? La qualité des échanges ? Le partage ?

Et si c'était s'ouvrir aux autres, accepter les échanges avec une notion de respect et de confiance réciproques aussi, sans protocoles, sans chichi, avec un intérêt désintéressé. Ou encore arrêter de se poser des questions et vivre chaque jour comme une forme de cadeau, quitte à regarder en arrière quelques semaines ou quelques décennies plus tard en se disant que rien n'a changé dans cette amitié.

De toute manière, il paraît qu'"aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années" (Le Cid, Corneille)

PS : hey les amis, ne cherchez pas, ce n'est pas Corneille (le chanteur le chanteur de "Parce qu'on vient de loin") que j'ai cité en dernier. 

samedi 22 août 2015

Venez comme vous êtes

'Mens Moi. Raconte moi n'importe quoi, ce qui est vrai, ce qui ne l'est pas" (Mens-moi, Axel Bauer)

"Tout le monde ment, je devrais le savoir pourtant, j'ai vu toutes les saisons de Dr House" me disait il y a peu un patient. Il a raison.

Comme cette patiente qui est un jour venue me voir parce qu'elle était enceinte et ne savait si elle souhaitait poursuivre sa grossesse. 
"- Mon conjoint m'a dit qu'il me soutiendrait, peu importe mon choix
- Et quel est votre choix ?
- Je ne sais pas. Au fond de moi, je sais qu'il dit cela parce qu'il m'aime, mais je crois qu'il ne me dit pas ce qu'il pense vraiment"

Comme cet autre patient, que je connaissais bien, qui m'a dit un jour en venant en consultation avec son épouse :
"- Docteur, vous pourrez me represcrire les comprimés pour mes hémorroïdes ?"
Devant mon air étonné (pour les non médecins, ce genre de médicament n'existe pas... enfin il y a bien les veinotoniques, mais de toutes façons, comme ils ne marchent pas, autant dire qu'il n'y a pas de médicaments pour cela), il ajoute "Mais si docteur, vous savez, ceux que vous m'avez prescrit la dernière fois, quand j'étais venu en consultation seul"
Il me parlait donc du sildénafil... que les non médecins connaîtront sous le nom de VIAGRA...
J'ai donc compris qu'il ne voulait pas que sa femme soit au courant. J'ai donc moi-même menti en faisant mine de me souvenir du médicament en question et en le lui prescrivant.

Comme cette patiente qui un jour m'a dit :
"-Docteur, je ne vais pas bien. Je le sais. Je sens que mon cancer progresse vite. Mais s'il vous plaît, ne le dites pas à mon mari. J'arrive encore à le lui cacher. Mais vous le connaissez, il s'inquiète vite"

Comme ce jeune patient qui m'a dit un jour :
"-Docteur, j'ai eu une soirée arrosée... j'ai un peu perdu les pédales et j'ai couché avec une fille qui n'est pas ma femme. Je ne la connais pas. Je n'ai pas mis de préservatif. Comment puis-je faire pour protéger ma femme en mettant des préservatifs le temps que je sois sûr de n'avoir attrapé aucune maladie ?"

"Soigner les détails, gagner des batailles... J'peux garder mes secrets pour moi et sourire à la caméra" (Sur le fil, Jenifer)

Il y a énormément de choses qui se passent dans un cabinet médical.
Des joies, des rires, des pleurs, souvent, des inquiétudes, des soulagements, des deuils...
J'avais déjà parlé ici de cette compétence d'éponge du médecin généraliste (une compétence qui manque dans la fameuse Marguerite des compétences utilisée pour enseigner la MG... vous en dites quoi les MG ? On la rajoute ?).

Il y a aussi beaucoup de choses qui nous bousculent.
Comme ce patient qui est venu me demander si je le trouvais plus détendu que lors de la dernière consultation. Quand je lui ai répondu que oui, il m'a expliqué qu'il avait maintenant une maîtresse, que sa femme était au courant parce que c'était même elle qui le lui avait conseillé.

Aux antipodes de l'éducation judéo-chrétienne du bien et du mal, de la monogamie... Et pourtant, à bien y réfléchir, je ne l'ai jamais vu aussi détendu, aussi serein... même sa tension artérielle était bonne alors que c'est d'habitude une catastrophe.

Comme aussi cette autre patiente, qui après avoir attendu désespérément une grossesse, se retrouve enceinte à plus de 45 ans, et envisage une interruption de grossesse, parce que son monde, celui auquel elle s'était résignée risquerait de s'effondrer et que cette seule idée est plus traumatisante que tout le reste.

Comme ce patient qui m'avoue son homosexualité, qu'elle a été à l'origine de conflits familiaux, qu'il a été mis à la porte de chez lui. Il m'en parle en baissant les yeux, en ajoutant qu'il comprendrait que je ne puisse plus être son médecin puisqu'il vient me voir depuis des années et qu'il ne m'en avait jamais parlé auparavant.

"C'est pas marqué dans les livres, que le plus important à vivre, c'est de vivre au jour le jour" (Lucie, Pascal Obispo)

S'il y a un endroit où vous pouvez être vous, s'il y a un endroit où vous devez être vous, ce devrait être chez votre médecin.
Il peut vous comprendre, il veut vous connaître pour pouvoir vous apporter les soins les plus appropriés à votre cas.
Si vous avez l'impression qu'il ne vous comprend pas, envisagez de changer de médecin.
Mais n'ayez pas peur de lui dire la vérité : si vous êtes seul avec lui dans son cabinet, il est tenu au secret médical et n'aura pas le droit de révéler votre état de santé ou les choses que vous lui auriez confiées en consultation. Même à votre mère, votre père, votre mari, votre femme, vos enfants ou qui que ce soit d'autre, sauf si c'est vous qui le lui demandez.

Soyez vous-mêmes. Que vous soyez grands, petits, gros, maigres, gentils, méchants, hétérosexuels, homosexuels, bisexuels, couche tard, lève tôt, patient, irascible, noir, blanc, jaune, beau, moche... venez tels que vous êtes.
C'est le meilleur moyen d'être le mieux soigné.

Si vous avez l'impression d'être jugé(e) par votre médecin, n'hésitez pas à le lui dire. Il peut vous conseiller si vous le souhaitez, mais il se doit de rester neutre.

Et quand vous verrez votre médecin, dites-vous qu'il n'est qu'un humain comme les autres après tout. Tout ce que vous vivez, toutes vos craintes, il risque de les vivre un jour ou l'autre. Et j'espère qu'il aura, de son côté aussi, la possibilité de venir comme il est chez un de ses confrères, le jour où il en aura besoin.

samedi 15 août 2015

Yin Yang

"We grow, we grow, but never do we change. We mold, we fold, we always rearrange a dream when it is not a success" (All the luck in the world, Never)
(Nous grandissons, nous grandissons, mais nous ne changeons jamais. Nous le modelons, nous le plions, nous réarrangeons toujours un rêve quand ce n'est pas un succès)

J'avais écrit ici qu'il me semblait qu'au fond de nous demeurait toujours une bonne part de l'enfant que nous étions.
L'enfant souriant et jovial que j'étais (enfin je pense, mais mes parents pourront confirmer) a fait de moi l'adulte optimiste que je suis devenu.

Il me semble plus facile dans la vie d'avoir la vision du verre a moitié plein que du verre à moitié vide. C'est une philosophie qui m'accompagne et je sais qu'on me le fait souvent remarquer (sur Twitter notamment).

Mais... de temps en temps je réfléchis (oui, cela m'arrive de temps en temps), et au gré de discussions, je me pose des questions sur cet optimisme.
Une discussion par exemple avec Mme Calaf' sur les années écoulées, celles que nous envisageons à l'avenir... sur le fait de se sentir bien, serein... limite en décalage parfois avec ce que peuvent vivre d'autres autour de nous. La sensation d'une ordinaire anormalité dont je parlais ici.

Egoïstement, je passe un très bon été. J'ai réussi à décrocher un peu des préoccupations du travail le temps des vacances, je fais un métier qui me plaît, je vis une expérience radiophonique que je n'oublierai jamais (Merci Thomas, Gérald et Guillaume), j'ai une famille que j'aime, un foyer paisible (vraie petite bulle grâce à Mme et aux zèbres), des amis, des amis très proches, des amis depuis des décennies, des amis depuis peu...


"I'm free but I'm focused. I'm green but I'm wise. I'm hard but I'm friendly baby. I'm sad but I'm laughing. I'm brave but I'm chickenshit. I'm sick but I'm pretty baby. And what it all boils down to is that no one's really got it figured out just yet 'cause I've got one hand in my pocket, and the other one is playing the piano" (Hand in my pocket, Alanis Morissette)
(Je suis libre mais concentré. Je suis jeune mais sage. Je suis dur mais amical. Je suis triste mais je ris. Je suis courageux mais une poule mouillée. Je suis malade mais je suis beau. C'est juste que personne ne s'en est encore rendu compte, parce que j'ai une main dans la poche et l'autre qui joue du piano)

Faut-il s'attendre à un retour de bâton ?
Je veux dire, quand on est heureux, dans une phase "PLUS" est-ce qu'on doit forcément s'attendre à une phase "MOINS" ?
Le bonheur, ça se paye à crédit ?
Parce que là, vraiment, cet été, je me sens effectivement serein, en pleine phase "plus" ... mais si je dois m'attendre à une phase "moins" du même acabit, j'aimerais mieux m'y préparer.

J'en discutais avec un ami hier, il me disait "Un des secrets du bonheur est de savoir en profiter, se laisser aller...".
Je sais qu'il a raison. C'est le Carpe Diem qui devrait nous guider toutes et tous.


"Pour que j'aime être sain, vaincre la maladie. Qu'on me donne la nuit pour que j'aime le jour. Qu'on me donne le jour pour que j'aime la nuit, pour que j'aime aujourd'hui oublier les toujours" (L'envie, Johnny Hallyday)

Parfois, je discute avec Mme Calaf' (non, en vrai, on parle souvent et beaucoup, mais parfois je parle de ce sujet précis) de nos zèbres.
Je les vois heureux. Souriants. Ils me font rire. Ils ont ce grain de folie qu'ils garderont longtemps j'espère.
Seront-ils aussi heureux étant adultes ou vivront-ils dans une nostalgie de leur enfance qui risquerait de leur amener de la tristesse ?
Faudrait-il qu'ils soient moins heureux pour pouvoir apprécier le bonheur ensuite ?


Sommes-nous obligés de vivre les contraires pour les apprécier ?

Et si le bonheur se cultivait.
"Le bonheur si je veux" comme disait le slogan.
Ou "J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé" comme disait Voltaire, phrase que nous avons placardé sur un mur de notre maison.


"Je peux faire croire que j'aime tout le monde (Pendant que mes cheveux poussent) Ou je peux juste me taire et vraiment essayer (Laisser mes cheveux de côté). Si j'ai tout ce qu'il faut, tout ce que j'aime, rien ne manque (Pendant que mes cheveux poussent), qu'est-ce que j'emporterai de l'autre côté ? (Ma maison, ma voiture, mes cheveux, oubliés). Le choix, on a toujours le choix, mais le temps passe, qu'est ce qui se passe ? Le choix, on a toujours le choix, mais le temps ne revient jamais" (Pendant que mes cheveux poussent, Garou)


Et si le bonheur c'était de ne pas se poser toutes ces questions ?
Mais alors, comme je m'en pose des milliers, je ne suis pas heureux ?

Ouf ! Me voilà donc rassuré. Je suis heureux et pas heureux. En même temps. Tout est en équilibre. Yin Yang.

Allez, je vous laisse. Et puis je vous embrasse toutes et tous. Oui quand je suis heureux, je distribue les bisous.
Tiens, c'est normal ce côté Bisounours ? Faut que je fasse le gros dur pour compenser ?... Ca tombe bien, je viens de m'inscrire à une salle de sport. Parce que là, j'ai plutôt le corps d'un bisounours, je vais être moins crédible...

mercredi 12 août 2015

Destin ou Hasard ?

"Destinée, on était tous les deux destinés à voir nos chemins se rencontrer" (Destinée, Guy Marchand)

Alors, plantons le décor immédiatement... quand en général j'ai en tête un billet dont le sujet m'a fait réfléchir beaucoup et qui est sérieux, je ne peux pas m'empêcher de commencer par une chanson ultra kitsch.
Vous êtes prévenus...

J'ai écrit récemment un billet sur l'effet papillon, pour relater toutes ces petites choses que l'on fait ou que l'on ne fait pas, et qui ont de grandes conséquences ultérieurement sur notre vie. J'y ai relaté quelques exemples de mon quotidien, il y en a encore d'autres, plus récents, ou plus anciens, mais qui changent ou changeront profondément ma vie.
Mais... qui est à l'origine de ces décisions et de ces choix ?
Il y a quelqu'un d'ailleurs, responsable de cela ?
Plusieurs mois auparavant, je discutais avec un patient musulman. Il me disait que nos religions étaient proches, moi qui suis catholique (non pratiquant).
L'une des différences les plus importantes qu'il voyait résidait en un mot : mektoub.

Il traduisait cela comme la destinée. Ce qui est écrit, l'est par Dieu et personne ne pourra le changer.
J'ai été séduit par cette idée. Cette notion de destinée, qui peut expliquer pourquoi notre vie prend des chemins parfois particuliers. Il y a une raison à tout. C'est écrit.

Ok.

Mais pourquoi ? J'avoue être assez finaliste dans ma vie de tous les jours et aime comprendre le sens (la finalité) des événements : Pourquoi, mais surtout POUR quoi ils surviennent.
Ce mektoub séduisant ne me convient malheureusement pas complètement.

"This is a place where I don't feel alone, this is a place where I feel at home. And I built a home for you, for me. Until it disappeared from me, from you. And now, it's time to leave and turn to dust" (To build a home, The Cinematic Orchestra)
(C'est un endroit où je ne me sens pas seul, un endroit où je me sens chez moi. Et j'ai construit une maison pour toi, pour moi. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse de moi, de toi. Et maintenant, c'est l'heure de partir et de redevenir poussière)

Cet endroit, c'est notre vie.
Je ne peux me résoudre à imaginer un Dieu, quel qu'il soit, même si vous ne l'appelez pas Dieu mais Destinée ou autre chose pour les athées qui voudrait cela...
Je ne peux pas, je ne veux pas croire que tout soit écrit à l'avance.
Parce que sinon, qui aurait bien voulu écrire les meurtres, les sévices à enfants, la haine, la destruction ?

La conception du Dieu auquel je crois est contraire à cela.

Et si, ce Dieu, nous avait fait le plus beau des cadeaux, comme celui que des parents font à leurs enfants en les laissant vivre par eux-mêmes : la liberté.
La liberté de choisir, d'agir, de vouloir, de refuser.
Rien d'écrit à l'avance, juste la page blanche à remplir. Ou pas. Selon nos envies.

Oui mais bon, là, je viens de dire l'inverse de ce que j'ai écrit dans l'un de mes tous premiers billets... Il n'y aurait pas de "bonne étoile" qui guiderait nos choix ?


"And that is just the way that we remain. Ah that will be the way that we remain" (From Afar, Vance Joy)
(Et c'est uniquement de cette façon que nous restons. C'est de cette façon que nous resterons)



Et si la vie n'était qu'un gigantesque hasard ? Bon ou mauvais. Un coup de chance. Ou de poker.
On fait nos choix en étant parfois influencés, consciemment ou non.
Nos amitiés, nos amours, notre vie professionnelle, nous choisissons tout. Un petit soupçon de destinée de ci, de là, sous forme d'un hasard heureux ou malheureux.
La seule chose vraiment écrite, irrémédiablement même si on n'en connaît pas la date, étant qu'un jour, nous ne ferons plus partie de ce monde. Pour le laisser à d'autres. Et au hasard.