jeudi 17 juillet 2014

Le clan des Siciliens

"Les voilà! les voilà! c´est vous! quelle merveille! Par ici les manteaux, par là les bouteilles. Les voisins sont montés en chemise de nuit, on les applaudit, ce sont des amis. Un pique nique en hiver sur une moquette, c´est la faim, c´est la joie, la bonne franquette. Et ça fume et ça boit, ça chante et ça rit. Je peux vivre sans pain mais pas sans amis..." (La bonne franquette, Herbert Pagani)

Ces paroles de chanson, je ne les connaissais pas avant de connaître celle qui est ensuite devenue @MmeCalaf il y a 14 ans maintenant.
Disons que je ne suis pas le seul à connaître des chansons... peu connues...

L'amitié. C'est une valeur universelle.
Même si à y regarder de plus près, on a toujours un truc à dire sur l'un ou sur l'autre. C'est la nature humaine qui doit vouloir ça. Ou alors nous sommes tellement peu sûrs de nous, que nous cherchons à dédouaner ce manque de confiance dans le reproche fait aux autres.

Il n'y a aucune amitié sincère alors ?
Et si l'amitié c'était aussi de savoir reconnaître ce qu'on aime chez l'autre, sans nier les petits riens qu'on apprécie moins. L'amitié c'est donc être lucide et sincère en somme.
J'aime bien ça.
Les moments où le temps passe si vite qu'on ne s'en rend plus compte. Où l'on peut se parler comme si on s'était vu encore la veille, alors que la dernière rencontre date de plusieurs mois ou de plusieurs années.

"Si tu aimes les éclaircies, mon enfant, mon enfant, prendre un bain de minuit dans le grand océan, si tu aimes la mauvaise vie, ton reflet dans l´étang, si tu veux tes amis près de toi, tout le temps..." (Ton héritage, Benjamin Biolay)

Les amis, la famille. La famille dont on hérite à la naissance. La famille qu'on se choisit et qu'on appelle "les amis".
C'est pareil. C'est l'un des pieds du trépied dont j'ai régulièrement parlé ici.

La famille, c'est pour moi se retrouver comme dans la série que je regardais dans ma jeunesse. "Une famille formidable". Dans ses débuts, bien avant qu'ils n'étirent le concept en longueur, en lui faisant perdre pas mal de sens je trouve.
Mais bref, cette famille qui pouvait traverser des moments de joie intense, des difficultés, mais qui se retrouvait toujours, à la fin de l'épisode, autour d'une table, dans une bonne ambiance.
Aimer l'autre, en respectant ses différences.

La famille, pour moi, c'est me retrouver avec mon "clan des siciliens", autour des lasagnes préparées par la mamma qui n'a rien d'une sicilienne sur le plan génétique, mais beaucoup sur les autres plans.
C'est se retrouver autour des desserts "traditionnels". C'est discuter, rire. Ne pas être d'accord parfois. Se dire aussi que, oui, vraiment, la mamma parle autant qu'une vraie sicilienne. Mais ne pas voir le temps passer.
C'est bizarre à quel point les clichés de la famille sicilienne peuvent se retrouver dans ces moments passés. Je n'ai pas pourtant l'impression d'avoir été élevé par un padre traditionaliste, au contraire, mais il faut croire qu'une partie de cet esprit est génétique.

J'aimerais me dire que tout le monde peut vivre des moments comme ça. J'aimerais me dire qu'il suffit de ne pas se prendre au sérieux, et de prendre la vie comme elle vient. Et que ces moments là sont autant de petits cailloux semés sur le chemin de nos vies pour pouvoir contempler un jour tout ce que nous aurons parcouru ensemble.


"Moi dans la maison vide, dans la chambre vide, je passe ma vie à écouter cette symphonie qui était si belle et qui me rappelle un amour fini" (Dans la maison vide, Michel Polnareff)

"Docteur, depuis qu'il est mort, je n'arrive plus à vivre. Je n'arrive plus à avancer. Je ne mange plus".

Tous les médecins généralistes qui liront ce billet liront cette phrase comme un écho à leurs propres expériences professionnelles. Nous avons tous entendu cela un jour ou l'autre.
Comment ça se passe quand on a eu l'habitude d'avoir de l'animation dans un foyer, et que d'un coup le silence y règne.
Comment fait-on pour surmonter cela ? On parle au disparu, quitte à passer pour un imbécile aux yeux des autres ?

Mais surtout, quand on n'a pas eu de clan, quand on n'a pas entretenu cet esprit de famille, ou qu'on n'a pas veillé à avoir un cercle de famille choisie (comprenez d'amis) sur qui compter, on fait comment ?

"La maison si nette, qu'elle en est suspecte, comme tous ces endroits où l'on ne vit pas. Les êtres ont cédés, perdu la bagarre, les choses ont gagné, c'est leur territoire.
Le temps qui nous casse, ne la change pas, les vivants se fanent, mais les ombres pas. Tout va, tout fonctionne, sans but sans pourquoi, d'hiver en automne, ni fièvre ni froid" (La vie par procuration, Jean-Jacques Goldman)


Tic. Tac. Tic. Tac.
J'imagine une scène de cinéma. Une horloge franc-comtoise responsable de ce tic-tac.

Finalement, je préfère que la mamma parle fort. Et que le padre fasse ses blagues à deux balles. Et que les zèbres s'amusent. Et qu'entre frangins on continue à se taquiner.
Et que je retrouve les twittos aussi. Ca fait un bail que je ne les ai pas vus. Mais on reprendra le fil de notre discussion, comme d'habitude.

Il paraît qu'on vieillit comme on a vécu.
Je vous raconte pas le bordel que ça va être.
Mais on va finir tous autour d'un repas. A table.

Générique. Pas de mot "FIN". On va l'étirer en longueur aussi le concept. Après tout...