vendredi 14 mars 2014

Carrément méchant, jamais content

"Sur le fil de ma vie je me perds parfois. A chercher l'équilibre, je tombe. Mes envies font toujours ce qu'elles veulent de moi, et tant pis si demain tout retombe" (Sur le fil, Jenifer)

Bon, d'accord, comme entrée en matière pour un billet de blog, citer du Jenifer, c'est comme un médecin qui puiserait ses connaissances dans Doctissimo...
Ma dernière zébrette avait allumé son lecteur mp3 antichoc (investissement incroyablement rentabilisé tellement elle l'écoute) et cette chanson emplissait la maison de façon ma foi fort sympathique habituelle.

Mes envies font ce qu'elles veulent de moi...
De quoi ai-je envie ?
De tout. De rien.
Un jour de soulever des montagnes. Le lendemain de repasser en stade larvaire et procrastinateur.
Parfois, je sais de quoi j'ai envie. Parfois pas du tout.
Et c'est régulièrement déstabilisant cette indécision.
Acheter des yaourts au supermarché, c'est presque un parcours du combattant : quel parfum ? quelle texture ? avec morceaux ? sans ?
Et si je me décide (enfin dirait ma chère et tendre) il m'arrive a posteriori de me dire "ah mais j'aurais peut être dû choisir l'autre finalement".

"Faudrait savoir ce que tu veux, Faudrait savoir ce que tu veux,
C est comme ça qu'est-ce que j y peux, C est comme ça qu'est-ce que j y peux
 Après tout qu'est-ce que j'y peux" (Double jeu, Christophe Willem)


Si je ne sais pas ce que je veux, est-ce parce que je ne sais pas qui je suis ?
Parce que si je savais, de A à Z, je saurais me décider pour mes yaourts à chaque moment important de ma vie, non ?
Donc, je ne sais pas qui je suis. Mais qui le sait alors ?
Ma femme et mes 3 zèbres ? Oui, je pense qu'ils me connaissent plutôt pas mal. Je me vois dans leurs yeux et je comprends par leurs réactions comment je fonctionne aussi.
Ils sont ma bouffée d'oxygène, un des pieds de mon trépied.

Les amis aussi permettent de mieux se connaître.
Je distingue volontiers les connaissances des amis. Les amis sont là dans les bons moments comme dans les mauvais, et vous pouvez ne pas vous voir pendant des semaines, voire des mois, et reprendre une discussion là où elle s'était arrêtée comme si le temps n'avait eu aucune prise.
Le temps laisse par contre une empreinte sur les connaissances, qui nous amène à parler de la pluie, du beau temps... et ne plus avoir grand chose d'autre à échanger.

Pour moi qui allie doute et manque de confiance en soi, les relations sociales jouent un rôle de miroir. Pas dans le sens narcissique de la sorcière dans Blanche-Neige "Miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis le plus beau", mais plutôt pour montrer un reflet de soi avec un commentaire "Mais regarde-toi un peu, t'as pas à rougir de toi".

Mention toute spéciale à mes amis twittos et assimilés : un miroir inattendu et enrichissant. Je suis moi, on ne parle pas de la pluie et du beau temps... on se retrouve de temps en temps dans la vraie vie et nous poursuivons nos discussions.
Et même si Christian me renvoie une image Dexterienne qui me fait rire, j'espère bien le rencontrer un jour prochain...


"Un jour c´est oui, un jour c´est non. Un jour c´est d´accord, un jour c´est hmm pas question! Un jour c´est oui, un jour c´est non. Un jour sur deux, t´es adorable, un jour sur deux, t´es invivable" (Un jour c'est oui, un jour c'est non, Thierry Hazard)


Ce qui me rassure, c'est que les patients, en général, ont l'air d'être soumis aux mêmes doutes et aux mêmes interrogations.


BREAKING NEWS !

Je suis donc un être humain "normal"

J'essaye de tenir compte de cela quand je leur parle. Un patient diabétique faisant très attention à la seule chose qui prolongera durablement sa vie (et non, ce ne sont pas les médicaments, mais bien son alimentation et son hygiène de vie) va parfois perdre sa motivation, faire des "écarts" ou des excès.
Et heureusement !
La vie n'est pas une ligne droite. Elle est remplie de courbes. Le but à atteindre est fixé, mais les chemins pour y parvenir sont multiples et sinueux. Mais il faut garder en tête l'objectif.

"Tenter, sans force et sans armure, d'atteindre l'inaccessible étoile. Telle est ma quête, suivre l'étoile" (La quête, Jacques Brel) *Spéciale dédicace à l'un de mes associés

 Comprendre que le patient peut parfois être aussi perdu que je peux l'être, et jouer le rôle de miroir.
Les communicants appellent ça le renforcement positif. Montrer aux patients qu'il vaut mieux une somme de petites victoires au quotidien qu'une seule écrasante et éphémère conquête.

C'est passionnant cette partie du métier : la relation aux autres.
Et parfois, c'est usant et démotivant.
Un jour, on a l'impression d'avoir été utile et d'être envahi par un sentiment de fierté du (bon) travail accompli.
Parfois on a l'impression de tout faire de travers, même en y mettant tout son cœur.

Très rarement, je me dis que je devrais arrêter la "part soin" du métier. Faire des statistiques, de la pédagogie...
Très souvent, je me dis que la part soin est tellement enrichissante que pour rien au monde je ne l'abandonnerai.

A chercher l'équilibre, je tombe. Oui, finalement, les paroles de la chanson qu'écoute zébrette me correspondent. Je vais l'écouter encore un petit peu...
Ah ? Mais ? Pourquoi l'a-t-elle arrêtée en plein milieu ?
Quoi ? Jouer à un jeu de société avec elle ? Mais il y a cinq minutes elle voulait dessiner en écoutant de la musique !

Il faudrait qu'elle sache ce qu'elle veut de temps en temps, non ?

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